Le vendredi 11 Septembre avec l’aide de bénévoles, j’ai effectué ma dernière récolte de feuilles de persicaire. C’était un moment particulier de voir ces plantes terminer leur cycle de production de feuilles, elles étaient d’ailleurs plus petites que les récoltes précédentes. J’étais un peu triste de sentir avec cette dernière récolte la fin de l’été. Cette plante m’a donné pendant tout l’été des feuilles à profusion et les premières récoltes ont été très généreuses.

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J’ai récolté plus de 30kg de feuilles fraîches au cours de l’été, ce qui me donne aujourd’hui près de 5 kilos de feuilles séchées prêtes à être transformées en compost.

Mais pourquoi faire ce choix du compost ? Alors que partout autour de moi je vois que c’est l’extraction du pigment de la plante qui est le choix le plus répandu. Sur les réseaux sociaux, c’est la période de l’extraction, on sort des plantes un jus bleuté qui une fois alcalinisé et aéré donnera du pigment. Le rendement de cette plante est de l’ordre de 10g de pigment pour 1 kilo de feuilles. Mais une fois les plantes exprimées de leurs colorants, on les jette et il ne reste d’elles que la fameuse substance bleue, le pigment d’indigo.

L'extraction de 2019

L’extraction de 2019

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Les bleus de la persicaire 2019

Dans la technique japonaise du Sukumo (compost de feuilles de persicaire) tout comme dans la technique ancestrale des coques de pastel qui étaient fabriquées dans le sud ouest de la France, on conserve le pigment avec la plante sous une forme naturellement stable. Une sorte de tout en un qui permet de monter des cuves dites « à fermentation » ou à réduction « bactérienne ».  En effet le compost concentre non seulement le pigment, mais aussi la matière organique des plantes ainsi que certaines bactéries alcalinophiles qui viennent du sol.  Ces bactéries sont essentielles au processus de réduction de la cuve d’indigo et elles vont se nourrir de la matière fermentée des feuilles et vivre dans la cuve de teinture comme des assistantes qui permettent l’oxydo-réduction.  Dans le compost, on utilise la plante entière avec ses propriétés, les spécificités du terroir où elle a poussée et on obtient un indigo qui en plus d’être 100% naturel est aussi unique.  On travaille avec le vivant, sans forcer le cycle normal de cette plante qui est annuelle et meurt en hiver.  L’hiver est la saison du compostage, du retour à la terre pour renaître ensuite en cuve de bleu dans un processus aussi simple que fascinant.

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J’ai eu la joie de teindre avec un sukumo venu du  Japon tout l’été, il a produit des bleus d’une beauté et d’une intensité que je n’attendais pas.   L’année prochaine si tout va bien, je pourrai teindre avec ces plantes que j’ai aimé voir poussé, que j’ai récolté et avec lesquelles ma relation ne fait que commencer.  Au delà de l’exploitation du vivant, c’est une symbiose et un travail dans le respect de mon environnement que je cherche, sans sacrifier sur la  qualité de la couleur.  Le bleu qui apparait dans les feuilles séchées va ensuite se perdre dans le compost mais il est bien là et j’espère pouvoir le redécouvrir l’été prochain dans mes cuves de teinture.

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IMG_3806Si vous souhaitez découvrir d’autre passionnées des plantes à indigo et des techniques d’extraction détaillées, n’hésitez pas à rejoindre le groupe facebook « Indigo pigment extraction methods » attention c’est un groupe anglophone.

L’année prochaine je proposerai un cursus spécial d’apprentissage autour de la persicaire : culture, récolte, compostage et / ou extraction qui aura lieu d’Avril à Octobre, sur le mode du woofing, c’est à dire que vous vous engagez à venir participer aux travaux et récoltes au cours de  l’année en échange d’un apprentissage pratique de ces techniques.  Si vous êtes intéressés, merci de me contacter par email.